Esmeralda Rheagan était fatiguée. Elle était même plutôt épuisée, à dire vrai ! Carrément HS ! Bref, les adjectifs ne manquaient pas pour décrire son état ... La veille avait eu lieu une réunion qui s'était prolongée tard dans la nuit, tout ça pour définir leur prochain plan pour semer la panique dans la vie Poudlardienne. Eh bien oui ! Ils se réunissaient pour ça ! Et le temps jouait contre eux. Les résultats étaient maigres. Certes, Poudlard était en alerte et l'Armée de Dumbledore vaillante mais mince était la résistance et très affaiblie par les retenues et violence qui lui étaient faites. Esme et ses camarades avaient décidés de faire profil bas un moment et de reprendre plus virulent encore, dans quelques semaines. Le temps de reprendre des forces, en quelque sorte. Et des forces, Esmeralda en avait bien besoin.

Dans l'instant ? Elle était pelotonnée sur un fauteuil, ses genoux ramenés contre sa poitrine, entourés par ses bras, la tête posée dessus. Regardant le feu hypnotique. Laissant voguer ses pensées au gré des flammes.

Elle attendait sans impatience sa meilleure amie.

Une brunette mince et sans complexe qui avait une étrange tendance à se faire désirer. Comme maintenant, par exemple ! Toutes deux suivaient les mêmes cours, dormaient dans le même dortoir, partageaient les mêmes envies, les mêmes doutes, et toutes deux étaient membres de l'Armée de Dumbledore. Méprisantes mais étrangement attirantes, elles étaient on ne peut plus mal assorties. Pearl Lynn McFear et sa beauté brune, jalousé par toutes les filles de Poudlard pour sa classe. Et Esmeralda Rheagan Marys, la fille aux cheveux roses. Deux rebelles combattant l'autorité. Quelle qu'elle soit.

Tout à ses pensées, Esme ne remarqua pas que sa fameuse meilleure amie s'était assise en face d'elle. Celle-ci dû lui passer une main devant le visage pour que la fille aux cheveux roses réagisse en sursautant.

- Tu as faillis me tuer ! S'exclama-t-elle en portant une main à sa poitrine.

C’est l’estomac bien rempli que je montais les escaliers qui menaient à la tour de Gryffindor. Esmeralda devait déjà m’attendre. J’étais en retard & j’allais le savoir … Esmeralda … LA meilleure amie. MA meilleure amie. Vous avez déjà dû la voir. Elle est trèèès repérable. Belle fille aux cheveux roses avec des piercings un peu partout. Elle avait un look particulier – non pas que je n’aime pas – mais il faut aller au-delà c’est une fille merveilleuse. Nous avons les mêmes goûts prononcés pour les conneries, l’amitié. De plus, nous avions le même caractère … Et surtout, nous étions toujours volontaires pour les missions contre WoS.
La veille au soir, nous nous étions réunis pour savoir comment nous allions opérer. Mais nous avions décidés de ne pas faire de dégâts, quelques temps durant.

Arrêtant mes pensées, je donnais le mot de passe à la grosse et passai le trou menant à la salle commune. Je balayai la salle du regard et repérai enfin ma meilleure amie. Je m’approchai, silencieusement, cheminant entre les fauteuils pour atteindre le sien. Elle était dans une sorte de position fœtale – les genoux pliés encerclés par les bras. Je m’assis sur un fauteuil en face du sien. Elle n’y prêta pas attention, ne s’en rendit même pas compte. Je dus passer ma main devant ses yeux pour la faire – enfin – réagir. Elle sursauta.

« - Tu as failli me tuer ! s’exclama-t-elle en portant une main à sa poitrine.
- Tant que ça ?? riai-je. »

« - Tant que ça ?? ri ma camarade. »

Et bien plus encore ! Perdue dans ses pensées, Esmeralda Rheagan tenta de revenir à la réalité. Son regard rêveur quitta l'attrayant feu, avec ses flammes colorées et affriolantes pour accrocher celui de Pearl. Prise d'une soudaine mélancolie, la jeune fille aux cheveux roses se demanda ce qu'elles allaient devenir. Quel sort serait le leur ? A quoi devraient-elles s'attendre ? Quelles épreuves subiraient-elles ? Et pour quelle récompense, si, toutefois, il y en avait une ... ?
Aujourd'hui, les deux adolescentes étaient à Poudlard, satisfaites de leurs vies. Rebelles. Respectées, à défaut d'être appréciées. Ce qui ne leur manquaient pas. Mais demain ? Lorsqu'il faudrait vivre à l'extérieur ? Lorsque l'heure serait venue d'affronter le monde réel, les Mangemorts et Lord Voldemort ? Rejoindraient-elles l'Ordre du Phénix ? Sûrement, songea pensivement Esmeralda.
Elle, en tout cas, ne voulait surtout pas rester sans rien faire. Elle voulait agir. Aider. Faire souffrir ceux qui voulaient les asservir. Les contrôler.
Rien que d'y penser, Esme avait envie de planter ses dents dans de la chair et de tirer jusqu'à ce que le sang jaillisse. Elle ne savait pas bien pourquoi elle réagissait ainsi mais la pensée de mordre, lui plaisait par instinct. Sans doute une pulsion primaire, sourit-elle avec sarcasme.

« - Parfois, j'aimerais pouvoir faire avance rapide, remarqua Esmeralda Rheagan, suivant le cours étrange de ses pensées. »

Sentant le regard de sa camarade sur elle, Es' releva les yeux et les planta dans les siens. Elle savait qu'elle pouvait lui parler franchement, les deux filles n'avaient pas de secrets l'une pour l'autre. Rien d'important, en tout cas. Et elles n'avaient aucune raison d'avoir des secrets.

« - Tu sais, comme sur les appareils moldus ? Tu peux faire avancer la musique plus ou moins vite ? Eh bien, j'aimerais pouvoir faire ça avec ma vie. Passer sur le temps de notre scolarité pour savoir ce que nous allons devenir. Est-ce que ce ne serait pas bien ? »

Son regard se détourna du feu pour se plonger dans le mien. Elle avait l'air rêveuse, soucieuse ... Ce regard je le connaissais, nous allions plonger dans de la mélancolie agrémentée d'une pointe philosophie ... Dieu du ciel ... Je n'aimais pas vraiment ces moments-là. A chaque fois, nous nous rendions compte que le monde, que dis-je, notre monde, devenait de plus en plus sombre. Nous n'avions plus d'amis, nous ne parlions plus qu'à la famille & encore. Tellement de mesures de sécurité que la personne est bien consciente. Quand je dis consciente, j'entends qu'elle n'est pas soumis au sortilège de l'imperium ... Les sorciers de notre monde ne dorment plus sur leur deux oreilles, ils sont constamment aux aguets ... Ces gestes étaient devenus une habitude.Ou plutôt pourrions-nous dire que ces gestes sont redevenus une habitude. Ce monde-là, mes parents le connaissaient ...
Arrêtant mes pensées, ma meilleure amie philosophe lança :
« - Parfois, j'aimerais pouvoir faire avance rapide.»

Un air interrogateur se dessina sur mon visage. Je la regardai avec insistance. Sentant mon regard, elle leva les yeux vers moi.

« - Tu sais, comme sur les appareils moldus ? Tu peux faire avancer la musique plus ou moins vite ? Eh bien, j'aimerais pouvoir faire ça avec ma vie. Passer sur le temps de notre scolarité pour savoir ce que nous allons devenir. Est-ce que ce ne serait pas bien ?
- Non, moi je ne veux pas savoir. Ce que je verrais ne me plairais sûrement pas ... Imagine notre monde tel qu'il est maintenant. Multiplie-le encore & encore ... Je ne veux rien savoir, je vis au jour le jour ...»

Non c'était vrai. Ce monde ne m'inspirait rien qui vaille. Il partait à la dérive sans que rien ni personne ne puisse empêcher cela. Au contraire, un homme - si on pouvait dire cela - était en train de vouer à l'echec tout ce que les sorciers avaient essayé de construire depuis dix-sept ans. Ce monde empli de crainte n'était pas prêt de s'arrêter ...

« - J'imagine que tout dépend de ce qu'il va se passer ... Si Potter et ses amis réussissaient ? Si nous parvenions à nous introduire parmi les Mangemorts ? Si Voldemort faisait une crise cardiaque en se regardant dans un miroir ? Si ... »

Elle s’interrompit brusquement. Oui, cela faisait beaucoup de « si » … Nous n’étions plus sûrs de rien en ces temps … Il y avait trop de « si », mais maintenant, nous ne pouvions plus que supposer, à force de suppositions, nous en venions à espérer … Trop d’espérance. « L’espoir fait vivre » paraissait-il, mais maintenant, l’espoir nous faisait survivre. Il maintenant la lueur qui réchauffait notre cœur quand nous voulions nous rassurer …
Esmeralda affichait un sourire maintenant.

« - D'où ça vient à ton avis, cette phrase : « Avec des ‘si’, on mettrait Londres en chaudron » ? C'est étrange, non ? Je veux dire, tu te verrais mettre Londres dans un chaudron ? Il faudrait qu'il soit sacrément grand ... »

J’éclatais de rire. Je la regardais affichant un air … Je ne sais pas … Cette fille était affligeante parfois … Mais tellement drôle …. Je pariai à partir de son air montrant une intense réflexion, qu’elle s’imaginait un chaudron immense avec pour seul ingrédient : Londres.

« - Et toi, d’où tu sors tes phrases ?? C’est une expression pourquoi tu t’imagines sa réalisation ?? »