"Sawyer!" Hein quoi? {Pv Matze

"SAWYER!!" hein, quoi, c'pas moi...

Hum, le couloir interdit. Il l’est depuis avant mon arrivée à Hogwarts je crois bien. D’après les anciens, il y avait une histoire de pierre philosophale. De toute façon, qui ne connaît pas les exploits de Potter? Ce couloir contenait un gros chien à trois têtes. J’étais juste passée, par pure curiosité, pour savoir pourquoi il était encore interdit. Visiblement, il n’y a aucune raison, c’était juste histoire d’interdire un truc…
Autour de moi, il n’y avait pas grand-chose. À part de la poussière, des toiles d’araignées, et… de la poussière. Quelques statues effrayantes. À part ça rien. Bref, j’avais pris des risques inutiles.
J’allais faire demi-tour, lorsqu’un miaulement m’interrompit. Ce n’était pas le doux et mélodieux son de Chat. C’était…

« Mince, Miss Teigne!

Je me mis à courir, et sortis directement de ce couloir interdit. Dehors, le troisième étage était bondé, et c’était dur de jouer des coudes. J’entendis le cri de Rusard:

« SAWYER!!!

Sans lui prêter attention, je manquai de heurter une Slytherin de septième année, m’excusai vaguement, et continuai ma course. Le couloir suivant était presque vide, je me cachai derrière la statue de la Sorcière Borgne et regardai Rusard continuer de marcher vite de son pas claudiquant en riant sous cape. Il dépassa largement la statue, et une fois qu’il eut tourné, je sortis de ma cachette. Miss Teigne était là et me fixait de ses grands yeux ambrés. La regardant d’un air dégoûté, j’usais de ma baguette pour la virer à l’étage du dessous. Son miaulement terrifié emplit le couloir du deuxième étage. Rusard s’y rendrait sûrement. Souriante, je m’adossai au mur pour reprendre ma respiration.

Foutu devoir de sortilèges... J'adore les cours de sortilèges, mais là je devais avouer que j'étais larguée sur l'énoncé du devoir. Faut dire aussi que je n'avais pas assisté au cours, et que j'avais donc reçu cet énoncé en pleine face, sans comprendre d'où il sortait... Les profs se mettaient-ils à coder leurs devoirs pour être sûrs que seuls ceux qui avaient assisté au cours puissent y répondre correctement?
Bref, il me fallait aller voir le prof pour éclairer ma lanterne...

Bien entendu, le couloir était bondé... Fichue rentrée... Toute occupée que j'étais à ne pas me laisser marcher sur les pieds par les plus jeunes d'entre les élèves, je n'ai pas vu cette furie bleue arriver, m'esquiver au dernier moment... Juste eu le temps de l'entendre marmonner des excuses et filer en direction d'un autre couloir. J'aurais sûrement continué mon chemin sans m'attarder dessus si je n'avais pas entendu la voix de Rusard hurler "SAWYER" à travers le couloir et se lancer à la poursuite de la fameuse bleue qui m'avait si joliment évitée...

Je n'en croyais pas mes oreilles. L'espace de quelques secondes, je me figeai sans comprendre. Mon pauvre cerveau avait eu l'audace de penser que Tia avait encore fait une connerie. Puis j'ai compris... Sawyer, ça ne pouvait qu'être la soeur de Tia !

Tant pis pour mon devoir de sortilèges, j'allais suivre Rusard et retrouver Sawyer là où il la perdrait... En arrivant dans le couloir de la Sorcière Borgne, le spectacle valait le détour... Rusard était déjà loin, la jeune Sawyer était sortie de sa cachette et envoyait Miss Teigne dans le néant... Jolie diversaion...

Discrètement, baguette à la main (par mesure de sécurité), je m'avançais...

- Alors Sawyer, on maltraite les pauvres animaux désarmés?

Le ton se voulait ironique et mon visage ne reflétait aucune animosité, aucun reproche, aucun danger...

Je sursautai et me tournai vers la voix. La fille que j’avais presque heurté. Pourquoi m’avait-elle suivie, je ne lui avais pas fait de mal après tout… elle avait sorti sa baguette. Je fronçai les sourcils. Qu’est-ce qu’elle voulait? Si ça se trouve, on m’avait balancée auprès des WoS. Vu que j’ai concocté pas mal de plans contre eux pour l’AD, une fille ou un gars aurait pu donner mon nom, et la Slytherin venait exprès pour m’exploser la tête. Et ce ne serait pas nos mangemorts de professeurs qui en seraient malheureux. Je glissai la main dans ma poche. On ne sait jamais. Pourquoi aurait-elle sorti sa baguette?
Son ton étant ironique dans le premier temps, pour s’adresser à moi, je répondis de la même manière:

« J’ai rarement vu cette chatte sadique armée d’autre chose que son miaulement foireux, je dois dire.

J’eus soudain la vision hilarante de Miss Teigne debout sur ses pattes arrières, une baguette à la main, en train de miauler un sort Impardonnable. Le regard méfiant, les yeux levés vers la Slytherin, étant plus petite qu’elle d’une bonne tête, je la regardai. J’attendais la suite. Pourquoi sa baguette était-elle sortie?

« Tu comptes m’attaquer? demandai-je avec ma franchise habituelle. Parce que si oui, je prends la fuite de suite.

Ni le même gabarit, ni le même niveau d’étude… vu sa taille et son apparence, je la placerai bien en septième année. Nous ne serions pas à Hogwarts, j’aurai même dit qu’elle avait dix-huit voire dix-neuf ans. Et je préférais me carapater plutôt que d’attendre de me retrouver ligotée de la tête au pied et couturée de cicatrices dans l’heure à venir. On ne peut pas se poser, discuter tranquillement, non? Non, bon d’accord. Au hasard, je lançai:

« Euh, tu sais, c’pas ma faute si l’AD a fait des coups tordus aux Wish of Snake hein… je donne les idées, ils mettent en œuvre… je n’en fais pas partie…

Une piètre tentative. Je ne me considérai en effet pas dans l’AD, je ne participais pas aux réunions et tout leur blablas, mais il est vrai que lorsqu’ils venaient me voir et voulaient préparer un coup, j’étais là, armée de ma ruse et de mon intelligence sans failles.

L'espace d'un instant, je ne compris pas ce froncement de sourcils et cette immédiate réaction sur la défensive... Puis je réalisai... Elle ne m'avait jamais vue avant, je ne devais donc être pour elle qu'une Slytherin parmi tant d'autres ; tous de sacrés crétins pour la plupart... A sa place, j'aurais déjà détalé comme un pauvre lapinou abandonné... Bref, elle n'avait nullement l'air de constitué une menace... Mais j'aurais été bien stupide de ranger immédiatement ma baguette...

Je faillis tenter de la rassurer sur mes intentions, mais elle ouvrit la bouche la première...

« Tu comptes m’attaquer? Parce que si oui, je prends la fuite de suite.

J'ai toujours détesté la faiblesse... Pas la franchise ! Pour une Ravenclaw, je devais admettre qu'elle avait du cran... Oui, bon, je sais, dire de quelqu'un qui parle de s'enfuir qu'elle a du cran, c'est pas très logique à priori. Mais en y réflechissant, en disant ça, elle se prive du temps qui lui aurait suffi pour effectivement s'enfuir, et tout ça pour quoi? Assumer qu'elle comptait se faire la malle... Pas mal, pour une gosse.
Toujours sans me laisser le temps de répondre, elle enchaina...

« Euh, tu sais, c’pas ma faute si l’AD a fait des coups tordus aux Wish of Snake hein… je donne les idées, ils mettent en œuvre… je n’en fais pas partie…

Et pouf, redescente dans mon estime... Pfff... J'aurais bien tourné les talons sans rien ajouter, tiens.

- Ne me sousestime pas au point de me considérer comme ces débiles de serpents miteux qui pourrissent et ternissent l'esprit véritable des Slytherin, s'il te plait... Pour répondre à ta question, et uniquement parce qu'il faut vraiment que je te parle, non, je ne compte pas t'attaquer, et encore moins maintenant que tu m'as bien fait comprendre que tu ne ferais pas le poids... J'ai passé l'âge de maltraiter les gamins... Et de toutes façons, tu ne portes pas la bonne couleur pour ça.

*Surtout Els, ne réflechis pas de trop, sinon tu vas te barrer, tu le sais*

Tout en rangeant cette fois-ci ma baguette pour souligner l'importance de la chose (et pour me donner une certaine contenance le temps de dire ces quelques mots si difficiles à sortir), je m'efforçai de prononcer avec une voix claire et intelligible :

- J'suis désolée pour ta soeur... Elle a beaucoup compté pour moi, suffisamment pour que ça me soit important de te le dire...

Ma main retomba le long de mon corps, et j’observai la Slytherin avec ébahissement. Hein, de quoi parlait-elle? Je fronçai les sourcils.

« Ma… ma sœur?

Et brusquement je compris. Ce n’était pas d’Edelweiss, ma défunte sœur de sang, dont elle parlait, mais de Tia Sawyer… celle que je m’étais promis de venger bien que je ne lui ai adressé que trois mots dans la vie « Bonjour », « Bonsoir » et de temps en temps un « Hééé » qui est plutôt une onomatopée. Je regardai la septième année avec intérêt. Tia avait eu des amis? Intéressant. Vachement intéressant. Peut-être serait-elle au courant de la mort exacte de Tia?
Néanmoins, je n’avais pas apprécié le coup de la gamine. Ben quoi, je suis petite, mais je suis rapide… faudrait y aller doucement avec les insultes… parce que la vieille, hein. Bref. Le discours intérieur n’était pas de mise ici.

« Ouais… moi aussi. Mais ça fait quelques mois maintenant. T’as fugué pendant ce temps ou tu savais pas que j’existais?

Il y avait dans ma voix une sorte de défi. Je n’aimais pas que l’on me rappelle la disparition de Tia. Peu de gens étaient au courant, dans l’école, et ça me soulageait. Je ne m’entendais pas spécialement avec elle, mais elle m’avait déjà tiré d’un ou deux mauvais pas, et après tout, c’était ma sœur. Et puis, cette Slytherin ne se présentait pas, que dalle, et ce n’était pas le genre de Tia de me parler de ses relations.
En tout cas, je sentais que je pouvais me détendre en la présence de cette jeune femme. Disons qu’elle rabaissait ouvertement les Wish of Snake, ce qui prouvait qu’elle était déjà plus intelligente que la moyenne. Un bon point. Je perdis alors le masque fuyard que je m’étais collé sur le visage. Je croisai les bras et m’appuyai contre le mur, une jambe repliée.

« Elle ne m’a jamais parlé de toi.

Peut-être n’en avait-elle pas eu le temps… en cours, lorsque nous nous croisions, c’était juste un échange de regards, parfois un hochement de tête, mais on se parlait peu. L’été, c’était plus évident. Elle ne se faisait pas d’amis, moi non plus, et il lui arrivait de venir me rejoindre pour provoquer une joute verbale. Un truc que nous aimions toutes les deux… notre truc.